Bibi Club
Dernière sortie
Femme-Lady
Avec Feu de garde, nul ravage à l’horizon. Les flammes, entretenues avec soin par les bibis, éclairent, réconfortent, animent. Les braises diffusent une énergie communicative, une chaleur qui protège contre les engelures d’un hiver aride finalement traversé. Hypnotisante traversée où cohabitent vertiges, mystères et transformations, Feu de garde tend la main à celleux qui ont croisé leur route, à la route elle-même, malgré ses dangers. Le duo formé d’Adèle Trottier-Rivard et de Nicolas Basque parcourt territoires sensibles et physiques, traverse inconforts et obstacles avec une radicalité bienveillante, intense et crue. Autrefois membre du tout premier groupe scout exclusivement féminin, les Guides, Adèle renoue ici avec les valeurs qui l’ont forgée : courage, persévérance, sororité, amitié. Le temps vaste partagé en nature et les intenses relations développées et entretenues au fil de ces années passées en communauté se sont imprimées sur sa peau, sur ses rituels d’autrice, et jusque dans la création de Feu de garde. Les univers de Moondog, de Stereolab, et, plus que jamais, de Suicide, se retrouvent dans l’atmosphère frontale et unique de l’album, se mêlent aux canons, aux chants de groupe inspirés des séjours des scouts dans la forêt.
Sous la plume du duo, la magie s’empare de l’hostile. La poussière du béton et de la ville se transforme en un scintillement qui réactive les joies de l’enfance. Avec ses rythmes enlevants, Feu de garde brosse le tableau saisissant de leurs prouesses créatives et de leur engagement à repousser les limites des genres. L’équipe, soudée, se met en marche. Adèle s’empare des percussions et, sur scène, risque. S’émancipe, séduit, convainc. Devant elleux, les corps bougent, s’élèvent, dansent jusqu’au bout de la nuit.
Rythme, souffle, tension non-violente. Au festival The Great Escape de Brighton en Angleterre, un profil se détache de la foule. Une rencontre déterminante : Ali Chant. Dry Cleaning, Aldous Harding, PJ Harvey. Ces influences fondatrices du duo, décomplexées et brutes, ont toutes travaillé avec lui. Sororité musicale, influences et connivences indéniables. Les mains se serrent, la flamme s’étend hors du cercle, la communauté choisie s’agrandit. Les possibles se déploient frontalement, dans un minimalisme assumé mais puissant, à l’image de la palette lumineuse des inspirations du groupe.
Avec Feu de garde, la joie l’emporte sur la peine.